Le mot n’avait pas encore de connotation sexuelle marquée. Que m'importe, Seigneur, si l'avenir est sombre ? Elle se vante d’avoir « la lèvre humide », de « sécher tous les pleurs sur ses seins triomphants », de « faire rire les vieux du rire des enfants » (les grands-mères Pinard apprécieront), son délire n’a plus de limites : Pas de doute, elle nous déclare qu’elle règne sur le monde humain, c’est une star, une super-star, une vamp. Les images étaient annotées par Thérèse. Viktor Kirtov | 22 mars 2018 - 14:52 7, Anniversaire : le 21 mars 1910 s’éteignait Félix NADAR, photographe des figures éminentes du XIXème siècle. je t'aime, Jésus ! L'éternel aujourd'hui ! Son procès a un retentissement important. « Poèmes interdits », par Charles Baudelaire,Complexe, coll. Impuissantes à la soulager, elles s'agenouillent au pied du lit et se tournent vers la statue de la Vierge. Les écrivains sont régulièrement victimes de la censure. Il sait ce qu’il fait, il assiste en critique à son inspiration, la conseille, l’excite, la modère, la dirige et la fait aller où il veut. En proie à des fascinations toujours plus noires, Baudelaire repousse les limites de la transgression et plonge dans les profondeurs de l’âme humaine, en quête d’un art absolu. Gabriel Lefebvre , Illustration pour A celle qui est trop gaie , 2005. « Je compris que l'Amour renfermait toutes les vocations, que l'Amour était tout, qu'il embrassait tous les temps et tous les lieux. » […] ». Un peu plus tard, il dira que ce recueil de poèmes apporte un frisson nouveau à la littérature. Surpris et peiné, Louis Martin ne conserve avec lui aux Buissonnets que ses deux cadettes. Comme l'affirme le père François de Sainte-Marie, spécialiste des manuscrits thérésiens, « Elle a pratiquement réécrit l'autobiographie »[D 112]. « Il est sans cravate, le col nu, la tête rasée, en vraie toilette de guillotiné », notent les Goncourt dans leur Journal à la fin d’août 1857. } Elle s'offre alors, le 11 juin, à l'amour miséricordieux afin de recevoir de Dieu cet amour qui lui manque pour accomplir tout ce qu'elle voudrait faire : « Oh mon Dieu ! La nouveauté de sa spiritualité, appelée la théologie de la « petite voie »[4], de l'enfance spirituelle, a inspiré nombre de croyants. Retardé par la guerre, il se termine en 1917. La spiritualité de Thérèse de Lisieux a également touché au cours du XXe siècle des philosophes comme Henri Bergson, Jean Guitton, Emmanuel Mounier… des hommes politiques de tous bords tels Marc Sangnier ou Charles Maurras. Il portait un chapeau semblable à ceux de [son père]. Leur confesseur les en ayant dissuadés, ils ont neuf enfants, dont quatre qui meurent en bas âge tandis que les cinq autres, toutes des filles, deviennent religieuses : Marie-Françoise-Thérèse Martin naît au 36, rue Saint-Blaise à Alençon le 2 janvier 1873. Le voilà qui en ajoute trente-deux ! L'année suivante, elle écrit et met en scène Jeanne d'Arc accomplissant sa mission, une pièce spectaculaire avec seize personnages costumés. Et ses derniers mots seront pour Dieu, à qui elle dit son amour avant de mourir[74]. L'adolescente qui va avoir quatorze ans peine à sortir de l'enfance[D 42]. Conserve mon cœur pur, couvre-moi de ton ombre Malgré cette guérison qui fait disparaître ses scrupules, Thérèse est toujours excessivement émotive : « j'étais vraiment insupportable par ma trop grande émotivité ». Manet réalise d’elle ce portrait en 1862, à une époque où elle entretient avec Baudelaire une relation sentimentale à la fois mouvementée et profonde. Céline hésite pourtant encore entre la vie de carmélite et une vie plus active, au service d'une mission menée par le père Pichon au Canada. L'année du cinquantenaire de sa mort, en 1947, elles sont vénérées au Parc des princes, à Paris[56]. Elle cherche surtout à se conformer à la règle et aux habitudes du carmel, qu'elle apprend chaque jour avec quatre religieuses novices. Open Centered Popup Window Script- Parfois, lorsque je lis certains traités où la perfection est montrée à travers mille entraves, mon pauvre petit esprit se fatigue bien vite, je ferme le savant livre qui me casse la tête et me dessèche le cœur, et je prends l'Écriture Sainte. En outre, l'année commence avec une retraite où l'on insiste encore sur le péché, l'enfer et la mort[D 37]. Le 14 juin 1884, elle est confirmée par Mgr Hugonin, évêque de Lisieux. Les dimanches et les fêtes mettent un peu de fantaisie dans la vie bien réglée de la fillette : on assiste à la messe à la cathédrale Saint-Pierre, où l'on retrouve les Guérin, puis c'est un joyeux repas chez eux. Les Fleurs du mal est composée de six sections et d'un poème préliminaire ou prologue, " Au Lecteur ". Jamais ! ". Le 19 octobre 1997, année du centenaire de sa mort, sainte Thérèse est proclamée Docteur de l'Église par Jean-Paul II[48]. Sous le fardeau de ta paresseTa tête d’enfantSe balance avec la mollesseD’un jeune éléphant. Elle écrit, en 1897, l'année de sa mort : « Voici ma prière : je demande à Jésus de m'attirer dans les flammes de son amour, de m'unir si étroitement à Lui qu'il vive et agisse en moi […] »[E 57],[74]. Le livre est envoyé dans tous les carmels et à quelques personnalités ecclésiastiques. Beaucoup de choses changent après cette nuit de Noël 1886, qui marque le début de la troisième partie de sa vie, « la plus belle »[D 44]. », « je crois que ma course ne sera pas longue », « Je sens que je vais entrer dans le repos… Mais je sens surtout que ma mission va commencer, ma mission de faire aimer le bon Dieu comme je l'aime, de donner ma petite voie aux âmes. (Crédit : La Cause littéraire), Charles Baudelaire dit par Serge Reggiani (archive INA) , C'est aussi pendant cette période qu'elle commence, à la demande de mère Agnès, d'écrire ses mémoires[D 87]. M. Guérin intervient à son tour, mais en vain. Clou de la vente, cette lettre de Baudelaire, datée de juin 1845, à l’adresse de sa maîtresse Jeanne Duval, était estimée entre 60.000 et 80.000 euros. Je l’oublierai si je le puis ! Thérèse a été appelée, après sa mort, « Docteur de l'amour ». Je n'ai rien qu'aujourd'hui ! Soutenue par les lettres de Thérèse, elle a entretenu ce désir de se consacrer à Dieu malgré deux demandes en mariage. Humainement, tout a été tenté ; il faut désormais attendre et prier[D 62]. Mais, comble de malheur, elle en est exclue à cause d'un règlement récent de l'évêché, qui fixe l'âge des communiantes. », « il y avait de quoi ébranler une vocation peu affermie », « Quand toutes manqueraient à la Règle, ce n’est pas une raison pour nous justifier. Avec sa sœur Céline, elles passent quinze jours à Trouville, au bord de la mer[D 36]. Ces versets sont ceux qui l'ont aidée, fin 1894, à trouver la spiritualité de la « petite voie », dont elle témoignera ensuite : « […] Vous serez comme des nourrissons que l'on porte sur son bras, que l'on caresse sur ses genoux. « Je lui demandais […] ce qu'elle entendait par "rester petit enfant devant le bon Dieu". Elle qui a longtemps souffert des scrupules rassure maintenant l'abbé Bellière, qui s'inquiète de ses fautes passées[82]. Elle qui se sent si petite et incapable peut se tourner vers Dieu avec confiance. Thérèse ne peut alors lui demander conseil que par écrit et ses réponses se font rares[E 24]. En décembre 1876, un médecin lui révèle la gravité de cette « tumeur fibreuse » : il est trop tard pour tenter une opération[D 11],[12]. bottom: 0; Pendant la majorité de la vie de Thérèse de Lisieux, la prieure est mère Marie de Gonzague ; de 1874 à 1882, puis de 1886 à 1893 et de 1896 jusqu'à sa mort en 1904[B 14]. s’exclame le neurobiologiste Jean-Didier Vincent. La basilique de Lisieux, édifiée en son honneur, reçoit plus de 600 000 visiteurs par an[6], la ville de Lisieux étant le second lieu de pèlerinage de France après Lourdes[7]. Celui-ci pense que le saignement a pu provenir de la rupture d'un vaisseau sanguin dans la gorge. Parlant de Jésus, elle affirme ainsi qu'« en cette nuit où Il se fit faible et souffrant pour mon amour, il me rendit forte et courageuse »[E 14]. Ne vont-elles pas chercher à recréer l'ambiance familiale des Buissonnets[D 66] ? Fin août, rongée par la maladie, elle doit abandonner la rédaction du carnet[D 110]. Il s'agit d'une image représentant le visage défiguré de Jésus lors de sa passion[F 7]. Ce témoignage, sans doute inestimable, des souffrances et tourments de l’auteur des « Fleurs du mal », en 1845, va désormais rejoindre la demeure de celui qui, par téléphone, a acquis ce document pour 180 000 euros au marteau, soit 234 000 euros frais d’adjudication inclus. Thérèse ressent profondément le changement d'atmosphère : à l'animation de la boutique d'Alençon, toujours pleine de clientes et d'ouvrières, succèdent le silence et la solitude de cette demeure retirée où l'on reçoit peu. Le postulat de Thérèse commence avec son accueil au carmel, le 9 avril 1888[16]. Encore si sensible et choyée peu de temps auparavant, réussira-t-elle à s'habituer à ce mode de vie austère ? De là, on le sait, vient le tableau de Courbet, Le Sommeil ou Les Dormeuses, ou encore Paresse et luxure. Malgré la gravité de son état elle n'est pas transportée à l'hôpital. Mon frère, que la bonté, l'amour miséricordieux de Jésus sont peu connus !… Il est vrai que pour jouir de ces trésors, il faut s'humilier, reconnaître son néant, et voilà ce que beaucoup d'âmes ne veulent pas faire », « Ma vocation enfin je l'ai trouvée, MA VOCATION C'EST L'AMOUR !… », « Je compris que l'Amour renfermait toutes les vocations, que l'Amour était tout, qu'il embrassait tous les temps et tous les lieux. Viktor Kirtov | 14 mars 2020 - 20:42 2. Dans ses Derniers entretiens, en date du 17 juillet, elle inscrit une note concernant sœur Constance de Jésus[22]. Elle propose de rechercher la sainteté, non dans les grandes actions, mais dans les actes du quotidien même les plus insignifiants, à condition de les accomplir pour l'amour de Dieu. » Ça ne suffit pas : nouvelle attaque le 12 juillet dans le même journal, car le ministère de l’Intérieur fait du journalisme et même de la critique littéraire. Celui-ci reçoit Thérèse à Bayeux le 31 octobre, et l'écoute exprimer le vœu de se consacrer à Dieu, qu'elle éprouve depuis qu'elle est enfant[E 19]. Une lettre reçue de sa sœur Pauline l'encourage à présenter sa requête au pape. A par Ils sont placés dans deux coffrets, l'un en argent et l'autre en bois de rose, tous deux conservés dans une châsse. À la fin de sa vie, lorsqu'elle vit l'épreuve de la nuit de la foi, elle grave ces mots sur la cloison de sa cellule : « Jésus est mon unique amour »[74]. À présent, elle l'utilise aussi pour manifester son espérance : plus elle se sent petite devant Dieu, plus elle peut compter sur lui[F 14]. On n’en sait rien, mais l’expression ne tombera pas dans l’oreille d’un sourd, ce sera Rimbaud (qui a 3 ans à l’époque) dans « Une saison en enfer ». Elle va surtout témoigner d'un Dieu « qui s'est fait tout petit par amour »[74]. Cependant, le Bon Dieu ne peut pas me donner des épreuves qui sont au-dessus de mes forces. Le père de Thérèse, Louis Martin (Bordeaux, 1823 - Arnières-sur-Iton, 1894) exerce le métier d'horloger où il excelle. Voilà, mon frère, ce que je pense de la justice du bon Dieu ; ma voie est toute de confiance et d'amour, je ne comprends pas les âmes qui ont peur d'un si tendre ami. Ainsi, le père Marie-Joseph Lagrange, fondateur de l'École biblique de Jérusalem, dira en 1927 : « Je dois à sainte Thérèse de ne pas être devenu un vieux rat de bibliothèque. Son corps est exhumé le 6 septembre 1910, en présence de plusieurs centaines de personnes. /* Plus tard, devenue assistante de la maîtresse des novices, elle répète à quel point le respect de la règle est important, faisant de son expérience une maxime : « Quand toutes manqueraient à la Règle, ce n’est pas une raison pour nous justifier. Je sais que d’aucuns prétendent que Baudelaire a démasqué, à travers l’hystérie, la frigidité et l’impuissance originelles comme moteurs de la frénésie sexuelle ; je sais qu’il a revendiqué comme une découverte capitale que l’être humain, possédé par cette impasse, était en général indifférent à la poésie. Dès avril 1896, elle entre dans une profonde nuit de la foi, mais elle n'en laisse rien paraître. Elle y décrit les grâces qu'elle a reçues au cours de sa vie, les découvertes spirituelles qu'elle a faites, notamment la « petite voie ». », « il s'agit d'abord de se laisser rejoindre par Lui, aimer et façonner par lui. Il lui arrive d'écrire dans le jardin, sur la chaise d'infirme utilisée par son père dans les dernières années de sa maladie, et cédée ensuite au carmel[F 24]. Qu'elles fassent donc ce que j'ai fait : un grand effort. Sur ce point, Thérèse est particulièrement prolixe[82]. Mère Marie de Gonzague la rassure, lui disant qu'ayant toujours pratiqué l'humilité, sa préparation était faite. Ce que Proust imagine, Baudelaire le voit. Sa cousine Marie, souvent souffrante, ne reprend pas l'école. Marie lui ayant demandé de rédiger une présentation de sa « petite doctrine », elle lui remet ces lettres qui constituent « la charte de la petite voie d'enfance »[D 108]. [Elle le vit] s'avancer d'un pas régulier, longeant [son] petit jardin... Aussitôt un sentiment de frayeur surnaturelle envahit [son] âme »[E 4]. À midi, sieste, temps libre en silence. Celle-ci l'aide et la guide à plusieurs reprises dans sa vie de religieuse. De retour aux Buissonnets, comme chaque année, Thérèse place ses souliers devant la cheminée pour qu'on y dépose ses cadeaux. En juin, mère Marie de Gonzague lui demande de poursuivre la rédaction de ses mémoires[Note 5],[D 99]. Le 14 août 1921, il promulgue le décret sur l'héroïcité des vertus[D 129],[41]. Pauline, seize ans, s'occupe quant à elle de l'éducation des deux petites, spécialement de Thérèse[D 15]. Te prier pour demain, oh non, je ne le puis ! Oui exactement. De retour à Lisieux, elle le reconnaît : « il y avait de quoi ébranler une vocation peu affermie »[D 61]. Je sais combien il faut, sur la colline en flamme,De peine, de sueur et de soleil cuisantPour engendrer ma vie et pour me donner l’âme ;Mais je ne serai point ingrat ni malfaisant. Celle-ci est connue depuis 1895 par ses mémoires, racontant son passage dans les milieux sataniques, suivi de sa conversion grâce à l'exemple de Jeanne d'Arc. Grand In-4°(377 x 290), en feuilles, sous couverture d’Auvergne gris, rempliée et imprimée, emboîtage toilé bordeaux. Durant l'hiver 1891-1892, une épidémie d'influenza s'abat sur la France. Le gidien protestant Sartre, en 1946, peu avant la regrettable réhabilitation de ces fantaisies, nous a dit ce qu’il fallait penser de toutes ces histoires. Là, il se déchaîne, il récrit les poèmes, il les résume en faisant saillir, dans son style, les sujets scabreux. Mais ce sera, selon la voie dont elle témoigne, en union avec Dieu qui supplée à ses faiblesses. À partir du 29 septembre 1897, son agonie commence. Composé de très exactement cent poèmes - sans compter l’adresse au lecteur-, il est divisé en cinq sections, à la manière des cinq actes d’une tragédie classique : Spleen et Idéal, Le Vin, Les Fleurs du Mal, Révolte et La Mort. Leurs baisers sont « légers comme des éphémères, qui caressent le soir des grands lacs transparents ». Pour les sœurs Martin, qui ont toujours vénéré leur père, l'épreuve est terrible, voire incompréhensible[D 70]. Derniers entretiens, Le Carnet jaune, 6 août 1897. Mais on sait que Proust était plus qu’intrigué par Baudelaire, et qu’au fond il ne voulait pas admettre son hétérosexualité spéciale. ». Thérèse a aussi écrit, en juin 1896, une courte pièce de théâtre, s'inspirant de la conversion de Diana Vaughan, et intitulée Le Triomphe de l'humilité[F 23]. Dans le Livre des Proverbes, elle lit « Si quelqu'un est tout petit, qu'il vienne à moi. Il a alors 24 ans et vivra encore 22 années. On ne peut en parler, on n’en peut rien dire que cela n’offense quelqu’un. Thérèse s'effondre alors en larmes et on doit la coucher. S'il ne nomme pas expressément Thérèse, le concile Vatican II, qui se tient entre 1962 et 1965, est dans la droite ligne de ses intuitions. Cette fois, deux médecins experts identifient les ossements, qu'on dépose dans un coffret de chêne sculpté, contenu lui-même dans un cercueil de palissandre doublé de plomb. Pendant la messe de première communion, Thérèse pleure abondamment : larmes de joie et non de peine. Le carmel de Lisieux n'échappe pas à ces travers, présents dans le christianisme français au XIXe siècle[D 66]. Cachez bien toute l’édition". Érigée par la P. H. M. À cette date, les lois anticléricales avaient déjà provoqué la fermeture de couvents et des expulsions de religieux à l'étranger. Connu comme un des initiateurs de l’art fauviste, il est particulièrement renommé pour ses portraits de femmes, Le serpent qui danse de Charles Baudelaire. Malgré l'amour que lui prodiguent son père et Pauline, sa « maman », la vie est austère aux Buissonnets. Seul l'évêque pourrait le faire fléchir. Cette période difficile est aussi une période de déréliction, ou « nuit de la foi ». Quant à Baudelaire, la Cour de Cassation le réhabilitera en 1949, en annulant le jugement. Celle-ci « croit à sa vocation », mais n'accepte pas de postulante âgée de moins de seize ans. Peut-être hélas ! On le voit, cette vocation est essentiellement contemplative, avec deux heures de prière personnelle, quatre heures et demie d'offices liturgiques, une demi-heure de lecture spirituelle. Les deux artistes avaient été liés par une amitié de près de dix ans, et c’est grâce aux héritiers que le magnifique portrait a pu réintégrer l’atelier de Manet après le décès de Baudelaire, survenu le 31 août 1867. Il rabroue mère Geneviève, la fondatrice du carmel de Lisieux, et mère Marie de Gonzague, l'actuelle mère supérieure, venues plaider la cause de Thérèse. aussi indigne que profondément inutile. Se confiant en 1897 à mère Marie de Gonzague, elle écrit que Dieu lui a fait la grâce cette année de l'aider à comprendre ce qu'est la charité : « Je m'appliquais surtout à aimer Dieu et c'est en l'aimant que j'ai compris qu'il ne fallait pas que mon amour se traduise seulement par des paroles. Mais la malade ne retrouve provisoirement la raison que lorsqu'elle reçoit une lettre de sa sœur carmélite, qu'elle lit et relit maintes fois[D 23]. Elle approfondit sa connaissance et son amour pour le Christ en méditant sur son abaissement à l'aide du passage du Livre d'Isaïe sur le serviteur souffrant (Isaïe 53, 1-2)[D 73]. La petite voie est aussi parfois appelée voie d'enfance spirituelle[F 28]. L’accusation porte sur l’atteinte à la morale religieuse d’un côté, et sur l’atteinte à la morale publique de l’autre. De même qu'une mère console son enfant, moi-même, je vous consolerai, dans Jérusalem, vous serez consolés […] ». Elle fera désormais partie d’une collection privée française, a précisé la maison d’enchères. En janvier 1897, Thérèse vient d'avoir vingt-quatre ans et écrit : « je crois que ma course ne sera pas longue ». Paul y compare l'Église à un corps où chaque membre a une place bien définie. — Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus. Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus adresse cette lettre à son frère spirituel l'Abbé Maurice Bellière[30], prêtre missionnaire confié à son intercession[31]'[32]. Elle prodigue des soins, participe à l'organisation de la vie du carmel, fait preuve de courage et force d'âme dans l'adversité, notamment quand elle doit préparer l'enterrement de religieuses décédées. » Sur la base des symptômes notés à l'époque, les médecins pensent aujourd'hui que Louis Martin souffrait en fait d'artériosclérose cérébrale[F 6]. Baudelaire se lâche : il accumule des mots qu’on préférerait ne pas voir : bras, jambe, cuisse, reins, ventre, seins — il fait onduler tout ça et ose même comparer l’ensemble aux « grappes de sa vigne ». Mais, fin 1894, au bout de six années, force lui est de reconnaître que cet objectif est pratiquement impossible à atteindre. Son diagnostic est sans appel : c'est une tuberculose au stade le plus avancé, un poumon est perdu et l'autre atteint, les intestins sont touchés. La jeune carmélite la néglige un peu, et il ne reste souvent que deux ou trois minutes pour lui parler : « Ah ! Jusqu'au bout, elle fera des sacrifices pour le salut des âmes. D’autres changent de place, délogés par l’ajout de nouveaux. Le 8 août 1897, elle confie à mère Agnès : « Bien des âmes disent : Mais je n'ai pas la force d'accomplir tel sacrifice. Jamais ! Elle ne manque pas de faire alors le lien avec sa petitesse et son acte d'offrande à l'amour miséricordieux, suppliant, encore et encore, Jésus de lui donner « son Amour »[E 56]. La conscience accrue de la miséricorde de Dieu est un aspect essentiel de la petite voie, découverte fin 1894, par Thérèse. La Constitution dogmatique sur l’Église (Lumen gentium) du concile souligne en effet que tous les chrétiens sont appelés à la sainteté[37]. Elle lit alors les écrits de saint Paul. Sans perdre de temps, mère Agnès se met au travail après la mort de Thérèse : sous la responsabilité de mère Marie de Gonzague, elle fond les trois manuscrits en un seul volume, qu'elle découpe en chapitres. Comment donc se laisserait-il vaincre en générosité ? , Celui-ci diagnostique « une maladie très grave dont jamais aucune enfant n'a été atteinte ». Antoine de Baecque retrace brillamment leur utilisation par les metteurs en scène de la Nouvelle Vague : Chabrol, Rohmer, Godard, etc. Ce forum est modéré. Ainsi, mère Geneviève lui conseille de servir Dieu, « avec paix et avec Joie, rappelez-vous, mon enfant, que notre Dieu, c'est le Dieu de la paix »[E 25]. Quelques-unes ont pu bénéficier de plus d'instruction ; c'est par exemple le cas des sœurs Martin, de la mère prieure Marie de Gonzague, et de deux ou trois autres religieuses[D 66]. Dès le lendemain, toute trace de la maladie disparaît, si ce n'est deux petites alertes dans le mois suivant. « L’agitation de l’esprit dans le Mal, pourquoi voulez-vous la priver de sa libre expression, aussi osée qu’elle vous semble ? Les Epaves. La cause est introduite officiellement par Pie X le 10 juin 1914[D 129]. Le 8 septembre 1896, Mgr de Teil, qui instruit alors le procès en béatification des carmélites de Compiègne[19], vient faire un exposé à Lisieux sur la vie et la mort de ces religieuses[20]. Pain vivant, Pain du Ciel, divine eucharistie, Ah ! La réputation du beau-fils est très mauvaise. Dans la Première épître aux Corinthiens, l'hymne à la charité, au chapitre 13, l'éclaire profondément[D 95]. La jeune fille ne se lasse pas d'admirer les paysages qu'elle découvre pendant le voyage[D 54]. Mais Baudelaire réagit de façon surprenante, il fait retirer son recueil tout entier ? », « c'est demain, dimanche, que je parlerai au Pape », « Très Saint-Père, j'ai une grande grâce à vous demander. « Mon enfant, faites ce que les supérieurs vous diront », répond le pape. L'austérité de cette vie ne doit pas faire obstacle à des relations fraternelles et joyeuses. Je ne redoute plus les craintes de la nuit. Thérèse de l'Enfant-Jésus, carmélite, docteur de l'Église et patronne des missions, a inspiré de nombreux croyants par sa théologie de la « petite voie », chemin de sainteté par les actes du quotidien[33],[34]. Ecraser ma tête coupableOu me couper par le milieu,Je m’en moque comme de Dieu,Du Diable ou de la Sainte Table ! Baudelaire la représente également dans deux dessins : Et ce fameux portrait dont annoté d’une formule où s’exprime l’ambivalence de ses sentiments : "quaerens quem devoret" [en quête de quelqu’un à dévorer]. On retient donc deux guérisons qu'on soumet à une enquête.