Cette influence des conceptions politiques thomistes dans le jugement émis par Arquillière sur cet héritage augustinien, défini par son ignorance d'une voie media, se marque notamment dans son analyse de la théorie des deux glaives22 . La revue Codex est disponible en kiosque ou via ce lien. 27  « Humbert, comme les augustinistes du ixe siècle et comme Damien, comme Hildebrand, n’a retenu du maître africain que ces affirmations oratoires et tranchantes », Ibid., p. 318-319. Arquillière, L’augustinisme politique, op. Il cherche par-là à expliquer l’évolution de la papauté et notamment ses récents changements profonds51. Nouveaux mouvements d'idées: 163: 7. La papauté, confrontée à la formation d’États laïcs a cherché à proposer à la chrétienté une sécularisation plus compatible avec les évolutions de l’époque tout en renforçant son centralisme ecclésiologique65. D’autres l’ont fait à partir d’une réflexion de philosophie politique ou morale, ou sur la base de leur foi musulmane. On sait quelles controverses passionnées, soit entre partisans du pape et de l’empereur dès le xie siècle, soit entre gallicans et ultramontains, soit plus récemment à l’occasion de la Loi sur les associations(1901) et de la Loi sur la Séparation de l'Église et de l’État (1905), a suscitées la question de la juridiction du Pontife romain » H.X. Et la lecture de Patrick Boucheron sur le livre de Foucault. 2  Je tiens ici à remercier Alexandre Borrell pour ses relectures et Sylvain Piron pour ses suggestions. Dom Jean Leclerq39 et d’autres élèves de Mgr Arquillière, ont étudié l’œuvre de Jean de Paris dans la perspective de cette opposition entre aristotéliciens régalistes40 et augustinistes papalistes : l’aristotélisme de Jean de Paris constitue alors une preuve a contrario de l’existence d’un augustinisme politique au xive siècle. « Charlemagne réalise inconsciemment dans les faits l’augustinisme politique, lui donne force et consistance, c, , Rome, 1947, t. I, p. 501-521. 27Dans son étude, Arquillière prend soin de bien distinguer les différentes formes que peut revêtir le gouvernement divin, qui ne se réduit pas forcément à la théocratie. Biens sans maître et successions vacantes dans une perspective comparative, XIIIe-XXe siècles, La Biographie revisitée. Cette vision historiographique, centrée sur le moment thomiste, est fortement influencée par les courants néo-thomistes de la fin du xixe et du début du xxe siècle. Cette conception doctrinale tendrait à absorber le droit naturel de l’État dans l’ordre supra-naturel de la justice de l’Église7. L'augustinisme politique permet d'intégrer cette révolution à une histoire linéaire de l'Église et ainsi d'en atténuer la portée subversive pour l’institution ecclésiale35. (2016). Paris, Armand Colin, « U », 2016, p. 69-136. Ce mouvement de repli sur l’intériorité de la foi et son aspect de morale individuelle raisonnable provient en partie de l’influence du néo-thomisme. Livraison à partir de 0,01€ dès 15€ d'achats Pour une ... Ce manuel retrace de façon claire et détaillée l'histoire des idées politiques dans l'Antiquité et au Moyen Âge en les inscrivant dans leur contexte historique précis. Édités aux Éditions École et Collège, devenues après 1945 les Éditions de l'École, ces manuels furent en usage dans l'enseignement secondaire des établissements confessionnels. L’éducation à donner au jeune Augustin cause de la tension entre les parents car le père reste attaché à la religion du paganisme romain alors que sa mère, Monique, est une fervente chrétienne (l’Eglise la fera Sainte Monique). La causalité historique, la lutte contre les pouvoirs temporels, devient alors l'excuse de ce dérapage intellectuel, de cette déviance par rapport à la pensée de saint Augustin. Il peut, enfin, se mouvoir uniquement dans la conscience des princes, sans porter atteinte à leur indépendance et à leur situation politique » H.X. Une parenthèse nécessaire dans l'histoire de l'Église, L’archéologie enfermée dehors. L'idéologie politique de l'époque de Grégoire IV, qui a obligé l'empereur Louis le Pieux à faire pénitence, a été notamment étudiée par l'abbé Bressoles, élève d’Arquillière dans son ouvrage sur Agobard de Lyon. Fabrice Flipo : Les grandes idées politiques, Bréal, 2005. Néanmoins De Lubac et Arquillière cherchent tout deux à montrer que la doctrine théocratique, gênante pour une Église en voie de modernisation, n’est pas inscrite au coeur du dogme49. Augustin reçoit une formation intellectuelle solide et envisage un temps de devenir avocat mais, en réalité, devient professeur dans sa ville natale, puis à Carthage, où il fonde une école de rhétorique, et enfin à Rome et Milan. Elle allait, d’abord, sanctionner le mélange du temporel et du spirituel, créer une unité du monde occidental, réalisée d’abord à son profit mais aussi, par une conséquence imprévue, permettre, d’abord à la papauté du ixe siècle, puis surtout à celle du xie siècle, de retourner la situation en sa faveur et de présider la chrétienté du Moyen Âge », H.-X. 25  « Manegold, pour justifier ses conclusions les plus hardies, invoque l’autorité de saint Augustin. Il cherche à innocenter saint Augustin des accusations de pensée théocratique, qui rejaillissent sur toute l'Église catholique. 25La papauté se cherche une autre place, hors de la politique, et veut surtout se présenter comme porteuse d’une spiritualité depuis le Syllabus de 1864. De quoi inspirer la philosophie, la littérature et la psychanalyse… Une émission présentée par Priscille de Lassus avec Dominique Salin, théologien, spécialiste de l’oeuvre de saint Augustin. Il n’a pas agi par orgueil mais presque contraint par les menaces pesant sur l’Église, plus habité par l’esprit d’amour que par des convictions politiques. 80  Voir notamment sur le débat autour de la condamnation de l'Action Française par le Saint Siège en 1926-1927 : Jacques Prévotat, Les Catholiques et l'Action Française. 39  Jean Leclerq, Jean de Paris et l’ecclésiologie du treizième siècle, Paris, 1942. Fabrice Flipo : Les grandes idées politiques, Bréal, 2005. Il se tourne alors vers le christianisme, mais cette adhésion intellectuelle n’est pas encore décisive. Les éditions Belin rééditent au format de poche plusieurs études biographiques de savants. Retrouvez Histoire des idées politiques dans l'Antiquité et au Moyen Age de Philippe Nemo - sur la librairie juridique Lgdj.fr - Livraison en 24 heures pour les livres en stock & Frais de port à partir de … Saint Augustin est, chronologiquement parlant, le premier grand philosophe chrétien de l’histoire. Arnold Boiseau a élu domicile définitivement en 2002 dans la maison de ses parents à Saint-Augustin, à 6 km de Coulommiers. Étudier les liens en Sciences sociales des Religions, Suppliques. 3 1 – Eusèbe de Césarée et le caractère providentiel de l’empereur Constantin. Il a été élaboré par des penseurs néo-thomistes qui cherchaient à présenter une vision ecclésiologique compatible avec l'affirmation d'États-nations laïcs. C'est la grande époque de l’augustinisme politique : « ce n’est plus la pensée originale et nuancée de saint Augustin qui domine : c’est l’augustinisme »24. Les Confessions Saint Augustin raconte dans cet ouvrage l'itinéraire spirituel qui l'a mené, d'une jeunesse débauchée, à se convertir et devenir évêque d'Hippone La forte influence et la portée de ce dernier devaient entraîner une forte réponse ; l'augustinisme politique serait alors la conséquence logique du thomisme. 56  Joseph Lecler, Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme, Paris,1955, p. 93. 7  Douglas Kries, « Political Augustinianism », in Allan D. Fitzgerald (ed. La pensée politique au Moyen Âge : de l’ordre chrétien à la « renaissance » philosophique », dans : , Histoire des idées politiques.La pensée politique occidentale de l'Antiquité à nos jours, sous la direction de Nay Olivier. Il montre l'apport de cette partie de l'Europe dans la constitution des idées politiques communes : l'idée de tolérance, l'appel à l'égalité des droits, la question de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, le principe de la liberté de conscience, se développent ici très précocement et souvent en parallèle avec l'Ouest. Saint Augustin d'Hippone (354-430) était un prêtre et un philosophe de l'Église catholique, surnommé le "docteur de la grâce". Ce manuel retrace de façon claire et détaillée l'histoire des idées politiques dans l'Antiquité et au Moyen Âge en les inscrivant dans leur contexte historique précis. 26Le néo-thomisme70 des xixe et xxe siècles a fortement informé la vision d'une pensée médiévale structurée par l'opposition entre thomisme et augustinisme71. Même l’orgueilleux et l’injuste connaissent le désir de paix, très proche du désir de vivre. Il entend une voix qu’il interprète comme celle de Dieu. 68  Marcel Launay, La Papauté à l’aube du xxe siècle, Léon XIII et Pie X (1878-1914), Paris, 1994. 66  Jean Rivière, Le problème de l’Église et de l’État au temps de Philippe le Bel, Louvain, 1926 ; Adamberg G. Hammon, La Doctrine de l’Église et de l’État chez Occam : étude sur le Breviloquium, éd. «J’ai goûté, et j’ai faim et j’ai soif; tu m’as touché et je me suis enflammé pour ta paix» cit., p. 2. 11Pour Arquillière, c'est à partir du pontificat de Nicolas Ier que se mettent en place les conceptions théocratiques, appuyées sur une déformation des textes de saint Augustin. +41 24 486 05 04 L’augustinisme politique n serait donc pas un ensemble de doctrines dont la paternité reviendrait à saint Augustin, mais un courant de pensée pluri-séculaire qui a permis aux papes d’élaborer leur théories théocratiques qui justifiaient leur pouvoir et leurs prétentions hégémoniques. De saint Augustin au rapport Interfuturs, de la philosophie de l'histoire à la science-fiction, en passant par les anticipations de la vie quotidienne qui ont orné les pages des almanachs et des journaux, sans négliger les rapports officiels, il a collecté et ordonné des approches, des méthodes, des systèmes. L'apport des Arabes et des Juifs: 171: 1. Le motif fondamental d'une telle distinction est bien esquissé par saint Thomas »59. Arquillière, Histoire de l'Église, Paris, 1941, p. 161. Il fut un des élèves d’Arquillière. - De l'Antiquité à la Renaissance se forge l'histoire des idées politiques avec le mythe de la cité idéale (Platon, Aristote, Saint Augustin (qui écrit la cité des dieux)..) - Les penseurs n'ont pas décrit la réalité opératoire de leurs temps. Il s’agit de repenser le rôle des catholiques dans le monde à travers une conception de la chrétienté qui doit englober tous les besoins de la société moderne. 2, Paris, 1954, p. 991-1001 ; Le plus ancien traité de l'Église, le De regimine christiano de Jacques de Viterbe, Paris, 1926 ; L’origine des théories conciliaristes, Paris, 1911 ; « Origines de la théorie des deux glaives », Studi Gregoriani, t. I, Rome, 1947, p. 501-521 ; « à propos de l’absolution de Canossa », Annuaire de l’École des Hautes Études, 1949-1950 ; « La signification théologique du pontificat de Grégoire VII », Revue de l’université d’Ottawa, 1950.